Max et Maxime, propriétaires et créateurs de The Game – Escape If You Can ! nous ont reçus la semaine dernière, dans leur lieu, rue du cardinal Lemoine à Paris.
Escape Game France : Pour commencer, une petite présentation de vous deux qui avez créé The Game ? D’ou venez vous ? Comment vous êtes vous rencontré ?
– Maxime, je viens de Metz en Lorraine, on s’est rencontrés avec Maxime en école de commerce à Rennes quand j’ai traversé la France pour les études. C’est à ce moment là qu’on a créé une boite ensemble. A l‘époque on vendait des pulls et des polos personnalisés aux associations ce qui nous a amené à penser que par la suite on créerait notre boite. Puis on a chacun eu nos expériences, en partant à l’étranger, à droite, à gauche. On est arrivé là, à Paris, moi il y a un an et demi, et l’on c’est dit, OK ! Qu’est ce qu’on pouvait faire de beau ? J’ai démissionné de l’informatique dans la finance de marché.On a découvert ce concept, j‘ai été un grand fan et Max m’a rejoint sur le projet quelques semaines après. Très rapidement il a aussi démissionné, et l’on s’est lancé dedans !
– Maxime également, je suis originaire de Rennes. Avec Max on s’est rencontré en première année, on s’est fait 3 colocs en trois ans ! 2 à Rennes, 1 à Paris, on s’entendait vachement bien ! Et du coup quand Max a démissionné en janvier, je bossais également dans une SSII dans une partie commerciale, j’étais sur Niort, Rennes, Nantes. C’était pas très fun. Et puis Max me dit qu’il a entendu parler de ce concept d’escape game, « Il en existe partout en Europe, ca commence à arriver ». On s’est dit « OK allons-y « ! J’ai pris une semaine de congés on est parti à Budapest où on s’est fait une dizaine de parties en trois jours. On est rentré un dimanche, le lundi midi ma démission était faite que ma boite acceptait. Et c’est vraiment là qu’on s’est dit qu’on pouvait créer nos salles !
– Ce séjour nous a permis de voir ce que l’on aimait bien, ce que l’on aimait pas. De façon généraliste, on a laissé de coté de la partie informatique, très poussé mathématiques. Ce n’était pas ce qu’on appréciait le plus. On est plutôt mécanismes et réflexion sur des choses sorties un peu de nul-part, immersion. Je suis du monde du théâtre, plus jeune j’en ai fait pendant une dizaine d’années. On aime bien que le game master vous accueille, qu’il y ait un rôle, une histoire, qu’il vous plante le décor avec son personnage. On aime beaucoup ce coté théâtral. Dès que la personne rentre, elle est déjà dans le jeu. Par exemple quand les joueurs arrivent pour jouer la danseuse parisienne, je suis catastrophé, ma sœur vient de disparaître, on aime jouer le jeu et plonger les gens dans l’histoire. Ils apprécient beaucoup.
EGF : Le concept d’escape game, vous l’avez connu comment ?
– On en a entendu parler pas mal, on savait qu’il y en avait beaucoup en Hongrie. A Paris Hint-Hunt venait d’arriver, et c’est tout ça qui nous a fait prendre conscience qu’il y avait des trucs à faire.
EGF : Vous n’aviez pas essayé B.R.A.I.N. à Rennes ?
– Si si, je l’ai fait par la suite ! Quand on s’est lancé dans le projet, ils n’existaient pas encore. Au tout début de notre projet, il n’y avait que Hint Hunt sur Paris. Et après c’est là que tout le monde est arrivé entre temps. Ce qui nous plaisait énormément, c’est l’accueil du public, le contact et être dans le secteur du loisir. Or ce que l’on allait faire c’était procurer aux gens un moment de plaisir, de divertissement. On a très vite voulu l’axer sur l’immersion et théâtralisation. On s’est vite rendu compte que si l’on passait par une franchise on allait trop être encadré, peu libres. On s’est dit tentons !
EGF : Comment s’est passé le développement de vos jeux ? Vous êtes partis de mécanismes de jeux qui vous plaisait ? des idées ? D’abord conçu une histoire ? Ou c’est un choix dès le départ de faire des histoires parisiennes ?
– En fait une fois qu’une thématique est trouvée c’est là que tu laisses tout cela gamberger et les idées viennent ! Par exemple, lorsque que tu organises un braquage, les idées viennent au fur et à mesure en introduisant des choses spécifiques à l’escape game. Il faut savoir organiser une heure de jeu et y introduire des surprises pour les joueurs.
EGF : On sort de votre « Braquage à la française » et en effet le jeu est assez impressionnant entre la taille des éléments de décors, la taille de la pièce également !
– On a travaillé pendant longtemps sur certains éléments comme la porte du coffre, on a cherché un moment une entreprise qui allait réaliser quelque chose qui allait nous plaire, qui soit réaliste. On a même contacté des entreprises qui en construisent pour des banques ! Le problème était structurel et technique, comme le poids par exemple. Quand on construit des salles, on est confronté à différents aspects : les coûts, la technique, la faisabilité, le temps… Là nous avons eu de la chance car j’avais travaillé avec un ami de mon frère qui est décorateur de parc d’attractions et du coup on l’a contacté : « Une porte de salle des coffres ? très bien pas de soucis ! » Sur les plans ça avait l’air super, on lui a fait confiance du début à la fin et on est pas mécontent du résultat ! Il est fan d’escape game les point & clic sur ordinateur mais il n’a encore joué à un live escape game. Il n’est pas encore venu, mais ça ne saurait tarder ! Il nous a également fait les lingots. Pour le coup on s’est tapé un petit délire, on pensait que cela devrait être compliqué à faire, mais il nous a dit que c’était tout à fait faisable ! Il a également travaillé sur pas mal d’éléments des catacombes, on vous laissera découvrir ! On a également fait appel à des magiciens pour la salle de la danseuse parisienne. Là aussi par des hasards, c’est le cousin d’un ami de Max qui lui même est également passionné de magie. Ils nous ont proposé pleins d’idées ! Il y a toujours le défi de l’argent qui fait que l’on ne peut pas forcément tout faire, mais ils ont fait des trucs super sympa ! On pense déjà aux prochaines améliorations à faire dans nos salles et aux choses possibles et imaginables pour d’autres.
– Tous les environnements sont envisageables ! Ce que l’on aime c’est que ça se rapproche d’une réalité, qu’il y ai une cohérence entre les pièces.
EGF : Tout cela coûte surement pas mal d’argent, comment avez vous financé The Game ? Vous vous êtes auto financé ? Vous êtes passé par des banques ? Ce n’est pas trop compliqué à expliquer que vous allez ouvrir un endroit où vous enfermer des gens dans des pièces pendant une heure ?
– On est passé par des banques mais c’est compliqué parce que le marché est naissant, qu’il n’y a pas de comptes de résultats ou de bilans d’autres entreprises qui font cela en France. Dès lors que tu dis qu’il y en a un Londres, à Budapest, qu’ils peuvent regarder, ils ne se mouillent pas. Il fallait trouver la personne qui allait te faire confiance. Finalement, c’est plus une relation personnelle qui va se développer avec la bonne personne qui a compris le projet. Il y en a beaucoup qui pensent que tu veux faire des salles de jeux vidéos ! Il faut savoir prendre le temps de bien expliquer la chose. On a quand même apporté de l’argent, fait le tour de nos familles, trouvé un organisme public, puis une banque. C’étaitun travail de longue haleine, étapes par étapes.
EGF : En tout cas cela se voit que vous avez pris beaucoup de temps pour développer The Game. Votre bâtiment de l’extérieur est très beau comme l’intérieur.
– Sur le local on a longuement hésité. A un moment on a vu ce truc là avec un charme fou, et on adorait ce que l’on pouvait y faire même si il y avait beaucoup de travail.
– En fait on l’a eu brut de béton, il y avait quatre murs. L’avantage c’est que l’on pouvait dessiner ce que l’on voulait !
– C’est ce qui nous a plu ici ! On a pu se dire on fait un accueil très grand pour recevoir du monde, on peut se poser et discuter avec les joueurs, que les groupes ne soit pas les un sur les autres, on a voulu mettre la convivialité au centre du lieu.
– On a fait appel à des décorateurs sur certains points, à un électricien, un plaquiste, on a fait beaucoup de choses nous même aussi, ce qui nous a permis de faire exactement ce qu’on voulait ! On s’est fait plaisir sur certains points, on a fait nos canapés en palette, vous n’imaginez pas comme il a fallu lutter pour expliquer aux gens cela ! On aime bien le concept, l’aspect industriel du local.
EGF : On va finir sur cette question : vous avez donc joué à Budapest, ou ailleurs dans le monde, vous avez eu un coup de coeur ? un endroit qui vous a marqué ?
– A Budapest, on a été chez Claustrophilia, c’est une salle, tu arrives en bas d’un immeuble, tu sonnes à l’interphone, on te dit 3eme à gauche, tu arrives devant la porte tu ouvres, c’est un appartement lambda, la porte se referme derrière toi, personne ne t’as accueilli, tu as un petit mot qui te dit : « Bon courage ! » et c’est parti. C’est fou, même quand tu connais le concept ça te prend aux tripes. On aurait aimé aller là dessus, mais on s’est dit que le marché était trop naissant en France. On a discuté avec eux et ils nous disaient que des gens ne veulent pas commencer la partie, ils veulent sortir. En France, avec des gens qui connaissaient pas vraiment l’escape game, il faut les accueillir, expliquer le concept etc. Il faut avoir une relation de confiance pour proposer ce genre d’expérience.
– En France il y a aussi l’aspect réglementaire, tu ne peux pas te permettre de prendre un appartement d’un particulier et faire un jeu dedans. On est un ERP5 (Etablissement recevant du Public). C’est sur qu’à Budapest, ils se prennent moins la tête ! Tu vas dans des sous-sols, dans des caves, on t’accueille, il y a des fils électriques qui pendent etc.
– On a joué à une salle, avec un matelas et des ressorts métalliques qui partent dans tous les sens. Tu es quasi-sûr de t’écorcher la cheville mais cela a aussi son charme !
Un grand merci à Max et Maxime de nous avoir chaleureusement accueilli chez The Game – Escape If You Can ! Maxime nous annonce que sa soeur vient d’être kidnappé et qu’il aurait bien besoin d’aide… Et c’est parti pour retrouver la danseuse parisienne !
The Game, Escape if you can, 51 rue du Cardinal Lemoine, 75005 Paris
ouvert tous les jours, de 10h à 22h, de 3 à 5 joueurs, à partir de 25€ par personne.